Là où le monde réel se change en images, les images deviennent des êtres réels. Guy Debord
dimanche 22 février 2009
Odile du Mazaubrun : "Les fugitifs"
"Les fugitifs" Odile du Mazaubrun, Installation, 2009 Paris.
Odile du Mazaubrun
Un pont entre les mondes
De minces tiges de bambou suspendues au-dessus du vide. Un paysage abstrait. Simplifiées, esquissées, réduites à leurs attitudes des femmes portent des emballages plastiques vides, des enfants, un vieillard hésite. Dans une tension extrême, « les fugitifs » avancent sur un chemin incertain. Que fuient ces êtres ? Vers où se dirige ce flot sans origine ni fin, sans passé ni avenir, sur une passerelle fragile, au-dessus du néant ?
Nous connaissons bien sûr ces corps trop souvent présents sur nos écrans. Réfugiés, victimes, ombres incertaines. Alors, que nous apporte cette œuvre par rapport aux images de réfugiés devenues les icônes récurrentes de toutes les guerres ?
Silhouettes fugitives contraintes d’avancer sur un chemin fragile, visages indistincts, possessions réduites à quelques emballages vides, victimes absurdes de violences récurrentes, ces êtres n’ont pour autant pas perdu leur dignité et leur individualité. Dépouillés de leurs biens, séparés des leurs, emportés par la violence, niés dans leurs identités, apparemment réduits à quelques débris de plastiques assemblés, ils conservent dans leurs postures comme dans leur mouvement d'ensemble une véritable dignité.
Par la seule force de leurs attitudes saisies dans un mouvement tout à la fois collectif et profondément individuel, cette œuvre épurée nous donne à voir leur détresse, mais surtout nous transmet leur humanité.
Bruno Puyraimond
Libellés :
Scénographie
Pays/territoire :
7 Rue du Rhin, 75019 Paris, France
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